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    31 octobre 2012

    A Chaumont , le procès en appel d’Abdelkader Fournier va se dérouler sous la houlette du juge Anquetin surnommé la boucher de la Haute-Marne. A quelques kilomètres, la ville de Colombey-les Deux-Eglises est en émoi. Etienne Marsant a accepté de présider le festival de cinéma qui doit s’y tenir. Acteur de cinéma populaire, il a fait battre en chamade le cœur de nombreuses femmes, su conquérir son public pour ses rôles. Bref, un mythe du cinéma français exilé en Suisse petit paradis fiscal où il s’ennuie surveillé de près par sa femme. Il loge au même hôtel qu’un couple d’avocats défenseurs du jeune braqueur de banques.


    Si Etienne Marsant se rend à ce festival de cinéma régional à la notoriété locale (et encore), il s’agit d’une fuite. Sa santé l’empêche désormais de jouer, de boire et de manger autre chose que du diététique. Ses beaux jours sont derrière lui mais sa notoriété est bien vivante pour ceux et celles qui ont plus de trente ans. Et Maître Jean Bloyé comme son épouse Anne connaît certains de ses films. Grands avocats, lui et sa femme ont la réputation d’obtenir des verdicts inimaginables, un couple rôdé aux effets de manche, de style où chacun joue son rôle. Mais Jean Bloyé est las, fatigué de ce travail et veut arrêter une bonne fois pour toutes. Il attend juste le moment où la vidéo d’un ado pré-pubère poussant quelques notes aiguës sera téléchargée un milliard de fois pour quitter sa robe d’avocat. Le juge fier comme un coq et raciste ( un de ces nombreux traits de caractère) se réjouit à l’avance d’envoyer pour très, très longtemps Abdelkader Fournier en prison. A vingt-deux ans, le jeune homme un peu mou (et que l’on a envie de remuer de temps en temps) a braqué plusieurs banques pour faire la fête. Un jeune braqueur toujours poli, d’origine française mais ni son âge ni son nom ne le servent face au juge Anguetin. Et comme tout est possible comme au cinéma (et en respectant les articles de loi), Etienne Marsant est à la barre pour défendre Abdelkader Fournier.

    J’ai souri, j’ai eu une forme d’empathie pour Jean Bloyé, j’ai eu envie de dire ses quatre vérités à son épouse et tout ce que je pensais au juge mais surtout j’ai beaucoup rigolé ! Chaque personnage m’a inspirée différentes émotions même les personnages secondaires. Même si quelquefois les clichés sont évités de justesse, ce roman hautement jubilatoire est bien plus profond qu’il n’y paraît aux premiers abords. Sans assommer le lecteur de termes légaux, Hannelore Cayre parvient à faire réagir le lecteur sur des thèmes actuels. Et elle n'a pas froid aux yeux avec une liberté de ton directe et franche que j'aime beaucoup !