Guide du Paris colonial et des banlieues
EAN13
9782849506707
Éditeur
Syllepse
Date de publication
Collection
Arguments et Mouvements
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Guide du Paris colonial et des banlieues

Syllepse

Arguments et Mouvements

Indisponible
Rues, boulevards, avenues et places, sans oublier collèges, lycées, statues et
monuments parisiens, sont autant de témoins de l’histoire et de la légende du
colonialisme français. Alors qu’aux États-Unis, poussées par les manifestant-
es, les statues des généraux esclavagistes s’apprêtent à quitter les rues pour
gagner les musées, ce guide invite à une flânerie bien particulière sur le
bitume parisien. Sur les quelque 5 000 artères et places parisiennes, elles
sont plus de 200 à « parler colonial ». Qui se cachent derrière ces noms, pour
la plupart inconnus de nos contemporains ? C’est ce que révèle ce livre,
attentif au fait que ces rues ont été baptisées ainsi pour faire la leçon au
peuple de Paris et lui inculquer une certaine mémoire historique. On n’y
retrouve pas uniquement les officiers ayant fait leurs classes « aux colonies
». Il y a aussi des « explorateurs » – souvent officiers de marine en «
mission » –, des bâtisseurs, des ministres et des députés. On croise également
des littérateurs, des savants, des industriels, des banquiers, des «
aventuriers ». Laissons-nous guider, par exemple, dans le 12e arrondissement.
Le regard se porte inévitablement sur le bâtiment de la Cité de l’histoire de
l’immigration, l’ancien Musée des colonies construit en 1931 pour l’Exposition
coloniale qui fut l’occasion d’honorer les agents du colonialisme et
d’humilier ses victimes. Les alentours portent la marque de l’Empire colonial
: rues et voies ont reçu le nom de ces « héros coloniaux » qui ont conquis à
la pointe de l’épée des territoires immenses. Les alentours de l’École
militaire sont également un lieu de mémoire très particulier, très « imprégné
» de la culture coloniale. Dans le 16e, nous avons une avenue Bugeaud :
Maréchal de France, gouverneur de l’Algérie, il pratique la terre brûlée et
les « enfumades ». Il recommande d’incendier les villages, de détruire les
récoltes et les troupeaux, « d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de
pâturer ». Il faut, ordonne-t-il, « allez tous les ans leur brûler leurs
récoltes », ou les « exterminer jusqu’au dernier ». S’ils se réfugient dans
leurs cavernes, « fumez-les à outrance comme des renards ». Un peu partout,
dispersées dans la capitale, on traverse des rues et des avenues dont les noms
qui, tout en ayant l’apparence de la neutralité d’un guide touristique, sont
autant de points de la cartographie coloniale : rues de Constantine, de
Kabylie, de Tahiti, du Tonkin, du Dahomey, de Pondichéry, de la Guadeloupe…
Toutes célèbrent des conquêtes et des rapines coloniales que rappellent la
nomenclature des rues de Paris. Classés par arrondissement, les notices
fournissent des éléments biographiques sur les personnages concernés,
particulièrement sur leurs états de service dans les colonies. Des itinéraires
de promenade sont proposés qui nous emmènent au travers des plaques bleues de
nos rues en Guadeloupe et en Haïti, en Afrique, au Sahara, au Maroc, en
Tunisie, en Algérie, en Nouvelle-Calédonie, en Indochine, à Tahiti,?etc. Un
livre qui se veut un outil pour un mouvement de décolonisation des
cartographies des villes et qui propose un voyage (presque) immobile dans la
mémoire coloniale de Paris.
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