Fils de

Chétif, je n’ai su que je l’étais qu’à mon entrée à l’école primaire, plus précisément à ce que l’on nommait alors la Onzième. Cet apprentissage fut aussi nécessaire que, certes, douloureux. En effet, les douces années de la première enfance s’étaient exclusivement déroulées sous le tendre regard d’une mère aimante et en compagnie d’une sœur, mon aînée de quatre ans.… Je découvrais un univers où je n’existais pas parce que j’étais moi, simplement, mais où il allait falloir que je justifie ma présence : je découvrais la survie sociale. De l’épicerie familiale tenue par son immigré de père et où il a grandi, jusqu’au collège où il a achevé sa carrière de professeur de français, le chemin de l’auteur a été tortueux, mais n’a pas pour autant manqué de pittoresque. Toutefois, si cette voie n’a pas été bordée d’épines, elle n’en a pas été pour autant fleurie de roses. Et maintenant qu’il entre dans sa vieillesse, il constate que ces " reflets de vie " l’éclairent toujours de leurs ombres et de leurs lumières…