Dieppe et le Tréport (Éd.1892)

« Dieppe, ville de 22 771 habitants, chef-lieu d'arrondissement, quartier maritime du sous-arrondissement du Havre, est située à l'embouchure de la rivière d'Arqués, sur la Manche, entre deux rangs de collines crayeuses, qui forment, à droite et à gauche, de hautes falaises blanches.
Elle comprend deux parties distinctes : d'une part, le port, de l'autre côté duquel s'étend le faubourg du Pollet et dont l'entrée s'ouvre à l'extrémité est de la plage ; d'autre part, la ville proprement dite, agglomérée entre les bassins, les hauteurs du château et la rue Aguado. En dehors de ces limites, s'étendent le faubourg de la Barre et les quartiers où sont le cimetière, l'hôpital, la gare du chemin de fer, etc.
La ville, rebâtie après le bombardement de 1694, est moderne. Les rues, larges et bien aérées, sont bordées de maisons sans style, construites en briques pour la plupart et ornées de balcons. Elle offre, surtout pendant la saison des bains, un aspect animé, principalement dans la Grande-Rue, rue de la Barre, sur le port et aux abords de la plage.
Aux touristes qui ne font que passer à Dieppe et qui n'y veulent pas séjourner, deux heures suffisent pour visiter cette ville, où il est très facile de s'orienter.
Au sortir de la gare, on traverse les bassins à flot sur un pont tournant situé un peu à droite de la gare, et l'on suit le quai Duquesne (à droite), puis le quai Henri IV, pour gagner la jetée de l'ouest, d'où l'on ira par la plage au casino et à l'établissement des bains. De l'établissement, on monte par derrière le château sur la falaise (belle vue).
En redescendant au port, on pourra suivre la rue de la Barre et la Grande-Rue, où se trouvent les principaux magasins d'ivoirerie, pour aller visiter les églises Saint-Jacques et Saint-Remi, les seuls monuments vraiment dignes d'une visite.
N. B. — Les touristes qui n'accorderont qu'une seule journée à Dieppe ne devront pas manquer d'aller au château et à la forêt d'Arques ou au phare d'Ailly.
Malgré les débris romains plusieurs fois découverts sur son territoire et l'allégation des chroniqueurs dieppois faisant de Charlemagne le créateur de la ville, Dieppe n'apparaît dans l'histoire qu'au X siècle, et à peine en est-il question ensuite, jusqu'en 1195. À cette date, Philippe Auguste, dans ses querelles avec Richard Cœur-de-Lion, surprit Dieppe, la saccagea, emmena les habitants en captivité et brûla leurs maisons et leurs vaisseaux. Au reste, Dieppe perdit à l'annexion de la Normandie, car son port ne servit plus de trait d'union entre les possessions anglaises du continent et la Grande-Bretagne. Philippe de Valois ayant besoin de marins pour accomplir ses projets d'invasion en Angleterre, recruta une partie de sa flotte dans le port de Dieppe même. Au retour d'une audacieuse mais heureuse entreprise qui fut dirigée sur Southampton, les Dieppois eurent une bonne part du butin ; en outre, des lettres patentes leur accordèrent un grand nombre d'exemptions fiscales. La ville, fortifiée à dater de cette époque, prit un accroissement considérable. De marins côtiers, les Dieppois devinrent tout à coup navigateurs au long cours, grâce aux immunités que leur accorda Charles V. On vit, en effet, en 1364, des vaisseaux marchands partir de Dieppe et faire voile, pour la première fois, vers la Guinée et le Cap-Vert, où ils fondèrent un établissement longtemps appelé le Petit-Dieppe. »

Dieppe et le Tréport
Date de l'édition originale : 1892
Sujet de l'ouvrage : Dieppe (France)
Collection : Guides-Joanne

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