La bataille de la Sécu, Une histoire du système de santé. Préface de Bernard Friot
EAN13
9782358722414
ISBN
978-2-35872-241-4
Éditeur
La Fabrique
Date de publication
Nombre de pages
240
Dimensions
20,1 x 13,1 x 2,1 cm
Poids
272 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La bataille de la Sécu

Une histoire du système de santé. Préface de Bernard Friot

La Fabrique

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Comment a-t-il été possible de construire la
Sécurité sociale en 1946 dans un pays où la
population dépendait de tickets de rationnement
pour se nourrir alors qu’aujourd’hui nous ne
serions pas capables de l’étendre dans un pays
qui a rarement été aussi riche ? Ce livre propose
une histoire des transformations de la protection
santé en France de 1789 à nos jours, à travers le
prisme des conflits qui l’ont façonnée.
Au cours de la Révolution de 1789, alors que
les débats sur la place de l’État et du capital dans
la protection santé se déroulent dans des termes
très contemporains, l’État refuse de procéder à
des réformes d’envergure. Les mutuelles naissent
alors comme forme d’auto-organisation malgré
les interdits et la répression. Par crainte de leurs
velléités révolutionnaires, l’État se réapproprie
l’esprit des mutuelles par une série de loi à partir
de 1852.
C’est avec la Première Guerre mondiale que
naît véritablement l’État social : la conduite
et les conséquences de cette « guerre totale »
renforcent le rôle de l’État dans la société, et son
besoin de prendre soin comme de contrôler la
population. L’État social en France n’est pas le
produit de la bienveillance parlementaire mais
celui de la guerre.
Après 1945, deux logiques en germe depuis
un siècle s’affrontent directement : d’un côté,
des militants cégétistes issus de la Résistance mettent en place en quelques mois un système
de sécurité sociale autogéré par les intéressés,
dans la tradition de la « Sociale » initiée par la
Commune de Paris ; de l’autre, dès 1946, l’État
cherche à mettre la main sur la « Sécu » contre
le pouvoir populaire. Bientôt, il va modifier les
principes de l’institution – de « chacun cotise
selon ses moyens et reçoit selon ses besoins » à
« chacun paye selon ses moyens et reçoit selon
son niveau de risque ». Au gré des réformes, l’État
social renforce un capitalisme politique où la
proximité entre élites politiques et économiques
impose des politiques souvent en contradiction
avec les aspirations populaires. Si les dépenses
de santé ne baissent pas, elles sont de plus en
plus contraintes (nouvelle gestion publique) et
changent de nature. Au nom de la lutte contre les
déficits – c’est l’invention du « trou de la Sécu »–,
la politique de ciblage des dépenses vers les plus
pauvres et les plus malades ouvre un espace
pour l’épanouissement des alliés politiques
de l’État (médecine libérale, complémentaires
santé) et pour le capital (cliniques, industrie
pharmaceutique). La pandémie a mis en lumière
toute l’absurdité de ces évolutions et l’impérieuse
nécessité reprendre le pouvoir sur la sécurité
sociale.
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