Le tombeau des ducs de Bretagne

On retrouve dans le tombeau des Ducs toute la richesse de la pensée médiévale et, dans ses différents niveaux de sens et didactiques, un jeu de références intenses : aucune lecture ne peut être envisagée isolément, il est le reflet de cette éducation à une mémoire entraînée. Son cadre architecturé n’évoque-t-il pas celui de l’Arche, la composition du « lieu » propre à contenir des prodiges de souvenirs et d’enseignements ? Toutes les formes d’expression visuelle sont, dans le monument d’'Anne de Bretagne, en parfaite harmonie : le souvenir des images peintes, les formes de la mise en scène théâtrale, du rituel politique, judiciaire, religieux, des processions, de la liturgie, se combinent pour accompagner une volonté de piété et de prestige. L’art des plus grands artistes du temps, Michel Colombe et Jean Perréal, sous la dictée d'’Anne de Bretagne, fusionne le politique et le religieux pour la plus grande gloire de l’histoire du duché. L’exécution en est ici de qualité royale, digne de la production sculptée des années 1500. Elle atteint des sommets de raffinement et d’imagination.